Votre tour de taille a augmenté au fil des années et vous ne savez pas pourquoi ? Je vais vous expliquer.
En 1947, le professeur Jean Vague, de l’Université de Marseille, a rapporté pour la première fois dans une revue médicale, des observations sur les formes d’obésité et de surpoids associées à des maladies métaboliques. Vague a inventé le terme d’obésité androïde pour désigner le tissu adipeux accumulé dans la région du tronc et de l’abdomen et suggéré qu’il était associé au diabète et aux maladies cardiaques. Il a également proposé le terme d’obésité gynoïde pour désigner l’accumulation de tissu adipeux dans les hanches et les cuisses, généralement observée chez la femme, mais qui est bien moins dangereuse. Depuis, des centaines d’études ont confirmé que l’accumulation de graisse dans l’abdomen est étroitement associée à la santé cardiométabolique.
Comment la graisse s’accumule dans l’abdomen
La graisse dont on parle peut être sous-cutanée, viscérale et ectopique. La graisse sous-cutanée est localisée dans toute la couche profonde de la peau (hypoderme). La graisse qui entoure les organes internes est de la graisse viscérale. La graisse ectopique se trouve dans les organes internes : muscles, foie, pancréas, et même le cœur.
Pour schématiser, lorsqu’on prend du poids et du volume au niveau du ventre, ce sont d’abord les cellules graisseuses ou adipocytes de la graisse sous-cutanée qui se remplissent.
Si la prise de poids se poursuit, l’expansion des cellules sous-cutanées saturées de graisses (triglycérides) n’est plus possible et les adipocytes de la graisse viscérale prennent le relais. Le dernier stade est celui de l’infiltration de graisses dans les organes.
À mesure que la graisse viscérale abdominale s’accumule, des cellules du système immunitaire, appelées macrophages, sont recrutées. Le système immunitaire tente ainsi, avec les moyens à sa disposition, de corriger une anomalie comme il le ferait d’une invasion par un microbe. Comme il utilise l’inflammation pour mobiliser ses cellules spécialisées, et que ses efforts initiaux sont sans effet, il maintient une inflammation chronique tant que le surpoids subsiste. Cette inflammation, qui se manifeste par des cytokines pro-inflammatoires, dont le TNFα, rend les adipocytes de la graisse viscérale résistants à l’insuline et leur fait libérer leurs acides gras.
Ce flux d’acides gras est préjudiciable au foie et au pancréas. Il augmente la production de glucose par le foie, réduit son élimination de l’insuline et conduit finalement à une résistance à l’insuline, une hyperinsulinémie, une hyperglycémie ainsi qu’une stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD), la maladie du « foie gras ».
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La graisse viscérale augmente avec l’âge. Pour les femmes une augmentation de la graisse viscérale et sous-cutanée. Pour les hommes la production de glucose par le foie, réduit son élimination de l’insuline et conduit finalement à une résistance à l’insuline, une hyperinsulinémie, une hyperglycémie ainsi qu’une stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD), la maladie du « foie gras ». Chacun de nous diffère dans sa capacité à stocker de la graisse. Ainsi une personne relativement mince et avec un seuil critique de graisse viscérale très bas peut être métaboliquement obèse mais de poids normal. Une autre avec un gros « ventre rond » peut avoir une grande capacité à stocker de la graisse sous-cutanée et relativement peu de graisse viscérale. Cela expliquerait pourquoi certaines personnes peuvent peser jusqu'à 200 kg sans le moindre signe de diabète alors que chez d'autres, le diabète va se développer après une augmentation du poids corporel de quelques kilos seulement.
La graisse viscérale augmente avec l’âge
Les facteurs qui font qu’on grossit du ventre :
L'hérédité
Les études sur des familles ont montré que l’hérédité influence à près de 50 % la masse grasse totale. Indépendamment du rôle direct que joueraient certains gènes, les chercheurs évoquent une interaction gène-environnement, et/ou des facteurs épigénétiques.
L'âge
La plupart d’entre nous grossissent inexorablement du ventre en prenant de l’âge. L’augmentation du dépôt de tissu adipeux viscéral avec l’âge est particulièrement nette chez les hommes, et chez les femmes ménopausées qui, en moyenne, ont jusqu’à deux fois plus de tissu adipeux viscéral qu’avant ménopause. Cependant, même chez les femmes pré-ménopausées d’âge moyen, le dépôt de tissu adipeux viscéral est plus élevé que chez les jeunes femmes, ce qui suggère que l’âge est associé à une augmentation de l’adiposité abdominale chez les femmes avant même le début de la ménopause.
Les hormones sexuelles et le sexe
L’accumulation de graisses diffère selon le sexe. Les femmes accumulent plus de graisse sous-cutanée parce que leurs cellules sous-cutanées ont une capacité plus grande que celle des hommes. Inversement, les hommes accumulent plus de graisses dans l’abdomen parce que leur capacité de stockage est plus importante à cet endroit.
Les taux de testostérone libre sont généralement bas chez les hommes obèses. La restauration du niveau de testostérone par traitement hormonal s’accompagne souvent d’une diminution de la graisse viscérale, et d’une amélioration de la sensibilité à l’insuline. Chez la femme, au contraire, un excès de testostérone entraîne une obésité abdominale, alors que des taux d’estrogènes bas à la ménopause ont été associés à une augmentation de l’adiposité et de l’accumulation de graisses viscérales.
Le stress
Le stress entraîne des niveaux élevés de cortisol et d’autres hormones comme l’adrénaline. Des études ont montré que le niveau de cortisol en réponse à un stress (provoqué par un test cognitif ou l’exposition au froid) est associé au périmètre abdominal chez des femmes ménopausées. Chez les primates non-humains, le niveau de stress social dans les colonies de singes est lié à l’adiposité viscérale.
Le stress élève la glycémie - "Il a aussi un effet sur la prise alimentaire", dit le Pr Eric Freeland (Université de Boston). "Certains réagissent au stress en mangeant plus d’aliments sucrés et/ou gras dans le but de diminuer l’anxiété."
La sédentarité
La sédentarité est associée dans de très nombreuses études au tour de taille et à la présence de graisse viscérale. Inversement, l’activité physique régulière est liée à une diminution marquée du tour de taille et de la graisse viscérale, même en l’absence de perte de poids.
Une étude a porté sur 168 femmes en surpoids, ménopausées et qui étaient à l’origine sédentaires et comparé les effets de l’exercice à l’absence d’exercice. « Alors que la perte de poids corporel à 12 mois parmi les participantes était modeste, dit le Pr Freedland, la quantité de graisse intra-abdominale perdue était considérable (8,5 g/cm2) et dépendait du volume d’exercice.
Les femmes qui ont fait de l’exercice pendant environ 200 minutes par semaine ont perdu 4,2 pour cent de leur graisse corporelle totale et 6,9 pour cent de leur graisse viscérale sans réduire leur apport énergétique. »
Un problème lié à l’alimentation ?
Modèle du déséquilibre d’apport calorique
Deux modèles ont la faveur des chercheurs. Le premier est celui du déséquilibre d’apport calorique. Un excès de calories et/ou une diminution de la dépense énergétique (sédentarité, exercice insuffisant) conduisent à une balance énergétique positive qui se traduit par le captage par les adipocytes des lipoprotéines chargées de graisses et l’expansion des adipocytes. Ce modèle est soutenu par le fait que les régimes hypocaloriques conduisent à une perte de graisse viscérale, au moins à court terme.
« Le jeûne intermittent sous la forme TRF, qui consiste à s’alimenter dans une fenêtre de 8 heures environ, permet de diminuer le tour de taille et les marqueurs métaboliques, » dit le Dr Jason Fung, auteur du Guide complet du jeûne. Il agirait notamment par un moindre apport calorique selon une étude d’intervention récente.
Modèle du Dr David Ludwig
Un autre modèle, développé par le Dr David Ludwig (Harvard) propose qu’un régime à charge glycémique élevée, c’est à-dire contenant de grandes quantités de glucides rapidement digestibles (sucre libre, céréales transformées, féculents), provoque des réponses hormonales qui inhibent la mobilisation des graisses et favorisent le dépôt de graisse dans le tissu adipeux. « La consommation d’un repas à charge glycémique élevée, dit-il, augmente considérablement la sécrétion d’insuline et conduit à un profil hormonal hautement anabolisant qui favorise le dépôt des graisses, laissant moins d’énergie disponible pour les tissus métaboliquement actifs comme le cerveau. »
Selon ce modèle, le cerveau répond en activant des voies contrôlant la faim pour favoriser l’apport énergétique. « Si la personne résiste à l’envie de manger en limitant ses calories, explique David Ludwig, la dépense énergétique des activités hors exercice diminue, et on ne perd pas de poids. » Ce modèle s’appuie sur les bons résultats des études utilisant le régime à index glycémique bas, le régime pauvre en glucides (« low carb »), le régime cétogène ou kéto, très pauvre en glucides et les régimes hyperprotéinés.
On peut penser que certains d’entre nous auront de bons résultats avec une approche centrée sur les calories (régime hypocalorique ou jeûne intermittent), tandis que d’autres auront plus intérêt à réduire la consommation de sucre.
Pourquoi la micronutrition peut-elle m’aider dans la perte de graisse abdominale ?
La micronutrition peut jouer un rôle important dans la perte de graisse abdominale. Voici quelques conseils pour vous aider à atteindre vos objectifs :
1. Faire du sport :
L’exercice physique, en particulier le cardio et le renforcement musculaire, est essentiel pour brûler des calories et améliorer votre composition corporelle. Plus vous faites d’activité physique, plus vous réduirez la graisse abdominale.
2. Alimentation riche en fibres :
Consommez des aliments riches en fibres, comme l’avoine, qui régulent le taux de cholestérol et favorisent la satiété.
3. Éviter les sucres raffinés :
Limitez les sucres ajoutés et les produits raffinés, car ils peuvent contribuer à l’accumulation de graisse abdominale.
4. Adopter une alimentation anti-inflammatoire :
Réduisez l’inflammation en privilégiant des aliments anti-inflammatoires, comme les légumes, les fruits et les poissons gras.
5. Consommer plus de protéines :
Les protéines aident à maintenir la masse musculaire et à augmenter le métabolisme, ce qui facilite la perte de graisse.
6. Réduire la consommation d’alcool :
L'’alcool peut contribuer à l’accumulation de graisse abdominale. Limitez votre consommation pour de meilleurs résultats.
7. Gérer le stress :
Le stress chronique peut favoriser le stockage de graisse abdominale. Pratiquez des techniques de relaxation pour réduire le stress.
8. Dormir suffisamment :
Un sommeil de qualité (7 à 9 heures par nuit) est essentiel pour la régulation hormonale et la gestion du poids.
9. Boire plus d’eau :
L’hydratation est importante pour le métabolisme et la satiété.
10. Bien mâcher pendant les repas :
Prenez le temps de manger lentement et de bien mastiquer, ce qui favorise la digestion et la satiété.
En suivant ces conseils, vous pouvez naturellement réduire la graisse abdominale et améliorer votre santé globale.
N’oubliez pas que la perte de graisse est un processus progressif, alors soyez patient et persévérez !
Micronutrition et contrôle du poids
La micronutrition est un domaine de la nutrition qui se concentre sur les micronutriments, tels que les vitamines, les minéraux, les antioxydants et les fibres. Contrairement aux macronutriments (lipides, protéines et glucides) qui fournissent de l’énergie sous forme de calories, les micronutriments n’apportent pas de calories, mais ils sont tout aussi essentiels au bon fonctionnement de notre organisme. Vous pouvez vous renseigner auprès d'une nutritionniste.
Voici comment la micronutrition peut aider dans le contrôle du poids :
- Personnalisation de l’alimentation : La micronutrition prend en compte les besoins spécifiques de chaque individu. Elle adapte l’alimentation en fonction de multiples facteurs, ce qui évite les frustrations liées aux restrictions alimentaires.
- Pas de suppression d’aliments : Aucun aliment n’est exclu. L’alimentation reste complète et variée, ce qui prévient la privation et la lassitude.
- Répondre à tous les besoins nutritionnels : La micronutrition comble les besoins en macronutriments (énergie) ainsi qu’en vitamines, minéraux et autres micronutriments. Cela évite les carences et les déséquilibres nutritionnels, favorisant une perte de poids saine et durable.
- Amélioration de la qualité de vie : En prenant en compte tous les aspects (sommeil, humeur, digestion, etc.), la micronutrition permet d’adapter l’alimentation de manière personnalisée. Elle réduit les grignotages et les envies de sucré ou de salé.
En résumé, la micronutrition offre une approche globale pour perdre du poids sans frustration ni fatigue. Elle permet de mieux comprendre son corps et d’adopter un mode d’alimentation adapté à ses besoins individuels. Une séance de micronutrition est un premier pas vers un corps plus sain.
Pour aller plus loin :
GARE AU FRUCTOSE
Parmi les aliments et nutriments qui influent sur la graisse viscérale, figurent les acides gras trans industriels, qui étaient très répandus jusque dans les années 2000 (margarines, graisses partiellement hydrogénées) et qui favorisent la résistance à l’insuline. « Le fructose de son côté, augmente les triglycérides et la glycémie, stimule le dépôt de graisses dans les organes, et conduit à la résistance du foie à l’insuline », indique le Pr Robert Lustig, auteur de Sucre, l’amère vérité. Inversement, les acides gras monoinsaturés, tels ceux qu’on trouve dans l’huile d’olive et les noisettes, préviendraient l’accumulation de graisse viscérale, à calories constantes.
Au final, dit le Dr Kevin Hall (Instituts nationaux de la santé, Bethesda, Maryland), pour perdre son ventre et ne plus le voir revenir, il faut trouver ce qui fonctionne pour soi-même et malheureusement s’y tenir toute la vie. D’où l’intérêt d’opter pour un mode de vie compatible avec ses activités et ses capacités.